Dans le cadre de mon activité de thérapeute, la manière dont les enfants ont été éduqués, dont les patients ont été accompagnés au cours de leur enfance, dont ils se sont intégrés dans notre société suscite chez moi des interrogations permanentes. Mon expérience me permet de comprendre que, en fonction des origines de chacun et du lieu où l’enfance a été vécue, les différences se révèlent nombreuses et riches d’enseignement quant au fonctionnement de l’être humain dans les dimensions qui l’habitent.
Dans ce contexte, j’ai demandé à Ariane Poissonnier, journaliste émérite et passionnée par le continent africain, de nous livrer son opinion sur le sujet de l’éducation et la parentalité en Afrique. Ariane Poissonnier a vécu au Cameroun et se rend régulièrement en Afrique de l’Ouest et du Centre. L’expertise qu’elle nous livre lève le voile sur le mode de parentalité à l’africaine.
La parentalité en Afrique
En zones rurales, dans beaucoup de pays d’Afrique, l’éducation est une affaire collective : tous les adultes sont autorisés à, et doivent, participer à l’éducation des plus jeunes. Un adulte voyant un enfant faire une bêtise se doit d’intervenir et de rectifier le comportement ; de même, un adulte voyant un enfant de la communauté en difficulté se doit de lui venir en aide comme si c’était son propre enfant. C’est pourquoi un enfant appelle « maman » toutes les femmes qui ont l’âge d’être sa mère et « papa » tous les hommes qui ont l’âge d’être son père. « Tonton « et « tata » seront employés pour désigner des gens plus âgés que soi mais pas suffisamment pour être des parents.
Chacun doit le respect à plus âgé que lui. Il n’est pas rare d’entendre quelqu’un présenter un ami à un autre en disant « C’est mon grand frère » ou « C’est ma grande sœur ». Cela signifie simplement qu’il s’agit de quelqu’un d’une classe d’âge antérieure à la sienne, et nullement qu’il s’agit d’un frère ou une sœur biologique « même père même mère », comme peut le préciser la formule consacrée !
Si cette éducation par le groupe fonctionne encore aujourd’hui au village, il est en ville beaucoup plus compliqué de la maintenir. L’urbanisation appelle au recentrage sur la famille nucléaire – comment accepter l’intervention de vos voisins dans l’éducation de vos enfants si vous ne les connaissez pas, ce qui est de plus en plus le cas en ville ? Le débat sur « faut-il ? » et « comment » concilier tradition et modernité bat d’ailleurs actuellement son plein dans plusieurs pays.
j’aime beaucoup le sujet, j’y travaille également. j’aimerai plus échanger avec vous pour plus de clairvoyance.
Merci
bonjour Lina, cet article a été réalisé par une journaliste de RFI, je vous remercie de votre intérêt, bien cordialement, Johanna