Comment avez-vous appris la nouvelle ?
C’est en faisant un câlin à ma fille après l’histoire du soir qu’elle a senti quelque chose de dur au niveau de mon sein. J’ai pris rendez-vous avec ma gynécologue quelques jours avant Noël et fait une mammographie courant janvier. Lorsque la radiologue a souhaité faire une échographie complémentaire, j’ai tout de suite compris qu’il y avait un problème. L’annonce du diagnostic de cancer par ma gynécologue m’a fait basculer en un instant dans un autre monde, celui des malades.
Comment avez-vous annoncé la nouvelle à votre famille ? À vos enfants ?
J’ai choisi d’en parler à ma maman et à ma sœur, qui se sont ensuite chargées de faire passer le message dans notre grande famille pour m’éviter de répéter plusieurs fois la même chose et ainsi me préserver. Je suis allée, accompagnée à tous les rendez-vous. C’est essentiel d’avoir un proche à mes côtés qui m’aide à faire face à des annonces difficiles et retient les informations importantes, car en tant que malade j’étais souvent dans l’émotion. Pour mes enfants, j’ai utilisé des mots simples et j’ai été très honnête avec eux. J’ai également acheté un petit livre comme complément à mes explications pour mettre d’autres mots sur la maladie et essayer de dédramatiser la situation.
Aviez-vous une bonne estime de vous et comment preniez-vous soin de vous par le passé ?
J’avais traversé plusieurs épreuves difficiles au cours des trois années précédant mon cancer. J’avais d’ailleurs déjà fait un important travail sur moi, à l’aide de ma thérapeute, Johanna, pour étudier mon histoire personnelle et familiale. J’étais fière du chemin parcouru ! Et j’avais décidé de suivre un coaching professionnel pour changer de métier. Je pensais être en bonne voie vers ma vie de rêve et j’ai ressenti un très fort sentiment d’injustice…
Comment avez-vous traversé les différents protocoles ?
À toutes les étapes de mon cancer, je me suis fait accompagner par des personnes bienveillantes en qui j’avais toute confiance, avec d’un côté ma famille, mes amis et collègues, et de l’autre des professionnels (thérapeute, naturopathe, ostéopathe, acupuncteur). Tout ce réseau agit comme un filet de sécurité qui me soutient tout au long de la maladie.
Comment se comportent le personnel soignant et les médecins avec vous ?
Le personnel hospitalier est très bienveillant. Les quelques fois où je me suis sentie blessée (par des paroles maladroites par exemple), je me suis autorisée à dire ce que cela provoquait en moi. En tant que patiente, je considère avoir un rôle à jouer pour que les médecins progressent dans la prise en charge de leurs patients. En revanche, j’ai senti les médecins fermés à l’acupuncture, à la naturopathie ou à l’homéopathie. J’ai réappris à écouter mon corps et son intelligence, et à me faire confiance pour sentir ce qui était bon pour moi.
Est-ce que vous faites autre chose à côté, type médecine douce, sport, méditation, coaching, thérapie ? Pouvez-vous décrire leur valeur ajoutée ?
Je fais du stretching postural pour prendre soin de mon dos, je marche au parc pour me connecter à la nature, sentir l’air sur mon visage, entendre les oiseaux, et je médite depuis plusieurs mois pour calmer mon mental et me recentrer.
Comment avez-vous anticipé les effets secondaires de la chimiothérapie ?
Je me suis préparée avec ma naturopathe. J’avais tout le nécessaire au cas où je serais sujette à tel ou tel effet secondaire. Faire attention à mon alimentation m’a été d’une grande aide. Il est dommage qu’à notre époque de nombreux médecins disent encore aux malades qu’ils peuvent manger ce qu’ils veulent. Il y a des aliments à privilégier pour aider son corps à faire face aux agressions liées aux traitements et à retrouver de l’énergie. C’est un bon moyen d’être acteur de son traitement.
Comment voyez-vous la suite et l’après ?
J’ai eu la bonne idée de me lancer dans un coaching professionnel malgré l’annonce du diagnostic de cancer ! Je me suis fait confiance ainsi qu’à ma coach et nous avons avancé main dans la main. Ça me permet de me projeter dans un après-positif et motivant.
Que pensez-vous d’octobre rose ?
Toute initiative susceptible de sensibiliser les femmes à l’importance des contrôles réguliers est positive. J’en profite pour mentionner la Maison Rose qui, à Paris et à Bordeaux, propose des activités réservées aux femmes atteintes d’un cancer. On ne dira jamais à quel point les soins de support (esthétique, massages, sport, théâtre, etc.) sont importants pour l’estime de soi qui est atteinte pendant la maladie. De nombreuses associations existent dans toute la France et font un travail remarquable.
Quels sont les conseils que vous donneriez aux femmes qui aujourd’hui ont un cancer du sein ?
Votre féminité ne se limite pas à vos seins ! Vous êtes la personne la plus importante du monde pour vous-même, écoutez votre corps, votre cœur et faites ce dont vous avez envie et qui vous fait du bien : lisez, marchez, dansez, chantez, riez, pleurez ! Et surtout, vivez !!! Car comme l’a si bien dit le philosophe Sénèque : « La vie ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est de danser sous la pluie ».
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