Quel est le lien entre les hormones et l’hypersensibilité chez la femme, lors du cycle menstruel ?

Nous savons toutes à quel point nos émotions varient au fil du cycle menstruel. Mais pour les femmes hypersensibles, ces fluctuations prennent une intensité particulière. Les hormones féminines et l’hypersensibilité entretiennent un lien profond, un dialogue subtil entre système hormonal et système nerveux, deux messagers qui influencent directement notre équilibre intérieur. C’est ce lien que je vous propose d’explorer ici. 

Hypersensibilité : quand les hormones féminines amplifient les émotions

L’hypersensibilité est une manière plus fine, plus vibrante, de percevoir le monde. Le système nerveux d’une personne hypersensible réagit plus intensément aux stimulations : un mot, une lumière, une émotion peuvent suffire à bouleverser l’équilibre intérieur.

Chez les femmes, cette sensibilité se trouve souvent amplifiée par les variations hormonales. Les œstrogènes, la progestérone et le cortisol interagissent avec les neurotransmetteurs, influençant l’humeur, le sommeil et la régulation émotionnelle. Quand ce ballet hormonal s’emballe, le corps se transforme en un baromètre émotionnel. Il traduit, à travers ses tensions, ce que la tête ne dit pas encore.


Le cortisol et la progestérone partagent le même précurseur (la prégnénolone). En situation de stress chronique, le corps privilégie la production de cortisol au détriment de la progestérone. Ce déséquilibre favorise une dominance œstrogénique, souvent associée à une hypersensibilité accrue, tant émotionnelle que physique.

Les trois sont liés par un même axe : le système neuro-endocrinien.

L’œstrogène (et la progestérone) modulent la sensibilité émotionnelle : trop d’œstrogènes sans assez de progestérone accentuent l’hyper-réactivité, l’anxiété et la vulnérabilité sensorielle.

La progestérone, apaisante et régulatrice du GABA, tempère cette hyper-stimulation. Quand elle chute, l’hypersensible ressent plus de stress, d’irritabilité, voire d’insomnie.

Le cortisol, hormone du stress, déséquilibre le duo précédent : un stress chronique épuise la progestérone (car leur synthèse partage le même précurseur, la prégnénolone), ce qui amplifie le terrain hypersensible : émotions à vif, somatisation, hyper-vigilance.

Je le remarque souvent en séance : certaines femmes hypersensibles ressentent ces fluctuations jusque dans leur chair. Les muscles se tendent, la digestion ralentie, le sommeil s’agite, et elles peuvent ressentir une irritabilité sans raison apparente. Leur système nerveux, déjà plus réactif, perçoit les moindres variations hormonales comme un déséquilibre à corriger.

Comprendre cette interaction aide à déculpabiliser. Ce n’est pas “trop d’émotions”, mais le corps qui parle fort pour signaler qu’il a besoin de repos, d’attention ou d’écoute.

Les variations hormonales au fil du cycle Menstruel chez les femmes hypersensibles

Chaque phase du cycle féminin est tour à tour expansive, féconde ou introspective. Les taux d’hormones féminins varient, influençant directement l’énergie, la concentration, la créativité et la stabilité émotionnelle. Chez les femmes hypersensibles, ces fluctuations agissent comme une loupe : les ressentis s’intensifient, les émotions deviennent plus profondes, et sont parfois déroutantes.

La phase folliculaire : un regain d’énergie et d’ouverture émotionnelle

La phase folliculaire, soit les premiers jours après les règles, marque souvent un nouveau départ. Les œstrogènes remontent, ce qui redonne vitalité, clarté d’esprit et confiance. 

Beaucoup de femmes hypersensibles décrivent cette période comme plus légère. C’est un moment propice à la création, aux sorties, à l’échange et à la curiosité. 

Je conseille souvent d’en profiter pour lancer des projets ou nourrir ses relations, car le corps soutient naturellement cet élan.

L’ovulation : une période de forte sensibilité hormonale

Autour de l’ovulation, les hormones atteignent leur apogée. Ce pic stimule la libido, mais aussi l’intuition et la réceptivité. 

Chez les femmes hypersensibles, cette période est souvent synonyme de grande ouverture émotionnelle : le monde semble plus vibrant, les échanges plus profonds, les ressentis plus puissants.

Cette hypersensibilité peut être vécue comme un cadeau : c’est souvent un moment de connexion profonde, de créativité, de lien à soi et aux autres. Mais elle demande de rester ancrée : une simple respiration consciente ou un temps au calme aide à ne pas se laisser submerger par le trop-plein d’émotions.

Pour aller plus loin vers l’apaisement, je vous invite à consulter cet article “5 conseils pour se détendre quand on est hypersensible”.

La phase lutéale : quand la progestérone fait chavirer les émotions

La phase lutéale est souvent celle où tout devient plus sensible. Après l’ovulation, la progestérone prend le relais. D’abord apaisante, elle devient plus capricieuse en fin de cycle. Sa baisse progressive entraîne fatigue, irritabilité, anxiété, voire tristesse sans raison apparente.

Le syndrome prémenstruel (SPM) agit alors comme une caisse de résonance : les émotions se déploient avec toute leur intensité. 

Je le répète souvent : ce n’est pas un manque de maîtrise émotionnelle, mais une réaction physiologique amplifiée par un système nerveux déjà très réactif.

Durant cette phase, le corps demande du ralentissement, du recentrage, de la douceur. Accueillir ce besoin plutôt que de le contrarier permet de commencer à s’équilibrer.

Les menstruations : le retour à soi et un besoin de douceur

La période des menstruations est un moment charnière du cycle, souvent vécu comme un retour à soi. Pendant les règles, les hormones chutent brutalement. Le corps relâche, l’esprit s’apaise et la fatigue se fait sentir. 

Chez les femmes hypersensibles, cette période de baisse hormonale s’accompagne fréquemment d’une grande émotivité, parfois d’une impression de vulnérabilité. Et c’est normal car le corps se vide, se purifie et se repose.

En naturopathie, j’encourage à accueillir cette étape comme une mini-cure de douceur : ralentir, s’envelopper, écouter. Méditer, marcher lentement, dormir davantage.

Si vous souhaitez en savoir encore davantage, j’ai co-écrit un livre sur les Rituels de femmes pour explorer les secrets du cycle féminin.

Quand les hormones deviennent des messagères : écouter son corps pour mieux se réguler

Nos hormones sont des messagères. Apprendre à écouter ces signaux hormonaux, c’est renouer avec ce langage subtil par lequel le corps nous dit de ralentir, respirer et de prendre soin de soi.

Observer son cycle hormonal

Observer son cycle hormonal est une première porte d’entrée vers cette compréhension. Noter son humeur, son énergie, la qualité de son sommeil ou ses besoins émotionnels aide à identifier des schémas récurrents. Peu à peu, on réalise que ces fluctuations ne sont pas des caprices, mais des messages physiologiques

Pour accompagner cet équilibre, la naturopathie propose des approches douces et efficaces. Une alimentation riche en magnésium, oméga-3 et fibres soutient la production hormonale et apaise le système nerveux. Les plantes comme le gattilier, le yam, la mélisse, les feuilles et bourgeons de framboisier, ou la rhodiole régulent naturellement les cycles féminins et diminuent les variations d’humeur.

pratiquer la régulation naturelle

J’invite aussi à se tourner vers des pratiques de régulation naturelle comme la respiration profonde, la cohérence cardiaque ou la méditation de pleine conscience. En stimulant le nerf vague, ces pratiques apaisent le système nerveux, réduisent la production de cortisol et favorisent une régulation hormonale féminine plus stable.

Et il y a toutes ces petites choses qui ramènent au corps : écrire ce que l’on ressent, marcher dans la nature, écouter sa fatigue, dessiner ou prendre le temps de lire. Ces gestes simples créent de l’espace à l’intérieur. Le mental se calme, le souffle s’apaise, et peu à peu, le corps et les émotions retrouvent un rythme commun.

Comprendre le lien entre hormones et hypersensibilité, c’est réconcilier deux forces complémentaires : la biologie et l’émotion. Quand on apprend à observer son corps, à respecter ses rythmes et à soutenir naturellement son équilibre hormonal, tout devient plus fluide. La sensibilité indique ce dont nous avons besoin, dans nous devons ralentir, respirer et se recentrer sur soi. L’écouter, c’est apprendre à se connaître en profondeur. 

Si vous sentez que vos émotions ou votre cycle vous submergent parfois, je vous accompagne pour en décoder les messages.


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