La contraception masculine

Si la contraception n’a longtemps été que la seule préoccupation des femmes, en atteste l’existence de plus d’une dizaine de modes de contraceptions féminines, seulement trois types de contraception sont couramment utilisées par les hommes : le préservatif, le retrait, et depuis plus récemment, une contraception masculine plus radicale : la vasectomie. Pourtant, il semblerait que le temps du changement soit venu, doucement mais sûrement. En effet, les effets indésirables des contraceptions féminines, les sujets polémiques autour des méfaits des pilules, ainsi que l’évolution des mentalités, notamment au sein du couple, ont été l’occasion de revoir la responsabilité́ masculine en termes de contraception.

Au-delà des effets indésirables engendrés par certaines pilules ou autres stérilets utilisés par les femmes, c’est leur charge mentale qui est mise en lumière : Pourquoi ne serait-ce qu’aux femmes de gérer la contraception du couple, alors même que la sexualité est une affaire qui concerne aussi bien les hommes que les femmes ? C’est ainsi qu’aujourd’hui, nombreux sont les hommes qui se disent prêts à passer à une contraception masculine, qu’elle soit ou non réversible. En outre, ces quarante dernières années, de nombreuses études ont été réalisées afin de développer des méthodes de contraception masculine sûres et efficaces, qu’elles soient hormonales ou non hormonales.

Contraception hormonale masculine, contraception masculine thermique, contraceptifs masculins… Comment fonctionne la contraception masculine ? Quel est l’avenir de ce mode de contraception ?

Dans cet article, vous allez découvrir les différentes méthodes de contraception masculine, leur efficacité et les différentes manières de les utiliser au quotidien.

Le préservatif, une contraception masculine qui reste indispensable

Si le taux d’échec du préservatif concernant les grossesses indésirables est souvent pointé du doigt, et ce parfois à juste titre, il n’en demeure pas moins que le préservatif reste la seule et unique méthode de contraception qui protège également contre les maladies et les infections sexuellement transmissibles. C’est également la contraception à usage masculin la plus fréquemment utilisée. Pour que ce contraceptif fonctionne, il est évidemment essentiel de veiller à sa bonne utilisation. De plus, pour éviter tout risque de grossesse non désirée, souvent dû à une déchirure du préservatif ou à un glissement de ce dernier, il peut être envisageable de le coupler à un autre type de contraception.

Le problème le plus souvent mis en avant est que le préservatif est souvent jugé, premièrement, comme inconfortable, et dans un second temps, comme source d’inquiétude chez les couples qui n’utilisent que ce mode de contraception. Certains ont peur de mal l’utiliser, de le déchirer ou de l’abîmer lors de massages sensuels dans le couple… C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les couples se tournent vers une autre méthode contraceptive, notamment lorsque la relation devient sérieuse, et que chacun des partenaires a réalisé des tests attestant du fait qu’aucun des deux n’était potentiellement porteur d’une IST.

La méthode du « retrait », ou coït interrompu, une contraception aléatoire

La méthode du coït interrompu, également connue sous le terme de méthode du retrait, consiste, comme son nom l’indique, à se retirer du vagin de sa partenaire juste avant que l’éjaculation ne se produise. Si cette méthode est assez simple dans l’idée, évidemment gratuite et, qu’en outre, elle ne nécessite aucun avis médical, le fait qu’elle possède un côté aléatoire fait de cette technique de contraception une méthode de laquelle résulte un taux d’échec important. En effet, les études sur le sujet précisent qu’environ 27% des femmes tomberaient enceintes en utilisant cette méthode.

Car il suffit que le retrait soit trop tard, ou que du sperme soit déposé à l’entrée du vagin, et c’est la catastrophe. Auquel cas, c’est encore une fois aux femmes de se précipiter en pharmacie afin d’obtenir une pilule du lendemain, fortement dosées en hormones. En outre, il convient de ne pas oublier que les spermatozoïdes sont présents également dans le liquide pré séminal (c’est à dire dans le liquide qui lubrifie le sexe masculin pendant les préliminaires et le rapport), et donc, en l’occurrence, même avant l’éjaculation. Non seulement la confiance doit être absolument totale entre les deux partenaires, mais en plus, cette méthode nécessite que l’homme soit apte à contrôler précisément son éjaculation, et ce sans aucun échec. En bref, la méthode du retrait n’inspire pas forcément confiance, comme on peut s’en douter.

La vasectomie, en quoi ça consiste ?

Également appelée « stérilisation masculine », la vasectomie est une contraception définitive, ou presque. En effet, il est possible d’avoir recours, par la suite, à une reconstruction chirurgicale, néanmoins, attention, elle ne serait efficace que dans la moitié des cas. On dit donc de la vasectomie qu’elle est irréversible.

Cette opération chirurgicale consiste à bloquer les canaux qui transportent les spermatozoïdes depuis les testicules, les empêchant ainsi de se mélanger au liquide spermatique. Suite à une stérilisation masculine, l’homme continue à avoir des érections et également la capacité d’éjaculer, même si ces éjaculations ne comportent aucunement un risque de grossesse indésirée.

En outre, l’opération de la vasectomie n’agit pas non plus sur la production d’hormones. Pour autant, l’intervention ne peut être réalisée que chez les hommes âgés au minimum de 18 ans. De plus, la décision ne peut être prise qu’à la suite d’un délai de réflexion de quatre mois suivant la toute première consultation médicale, afin que le patient soit sûr de son choix. Il est toutefois important de préciser qu’il n’y a aucune obligation à avoir déjà eu des enfants ou à être en couple pour bénéficier de cette opération chirurgicale irréversible.

Comment se passe la vasectomie ?

Généralement, l’opération est menée sous anesthésie locale (mais sous certaines conditions, elle peut parfois intervenir sous anesthésie générale.). L’intervention chirurgicale ne dure qu’une dizaine de minutes environ. Efficace et sans danger, elle est réalisée par un urologue. Une période de 8 à 16 semaines sera ensuite nécessaire pour que plus aucun spermatozoïde ne subsiste dans le sperme à l’issue de l’intervention. Il est donc essentiel d’utiliser, pendant ce laps de temps, une autre méthode de contraception, masculine ou féminine.

La contraception masculine hormonale

Force est malheureusement de constater que si les études scientifiques ont créé de nombreux types de pilules hormonales pour les femmes, la recherche s’est quelque peu enlisée concernant la contraception masculine hormonale. Pourtant, des progrès ont été faits, l’accord donné par l’Organisation Mondiale de la Santé… Néanmoins, il y a moins d’un an, en août 2022 précisément, le journal Libération publiait une tribune afin de relancer le débat sur cette pilule masculine…

Certains dispositifs existent pourtant déjà, dont les injections hebdomadaires de testostérone. Néanmoins, en plus d’être peu répandus et encore moins médiatisés, son usage est limité à dix-huit mois et réservé aux hommes entre 25 et 45 ans qui n’ont pas d’antécédent médical, recommandation faite par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Ce ne serait donc que les hommes avertis et vraiment désireux de prendre la contraception qui pourraient en bénéficier.

À ce sujet, la BD « Contraceptés : enquête sur le dernier tabou » co-écrit par Guillaume Daudin et Stéphane Jourdin et paru aux éditions Steinkis est une lecture très enrichissante si vous souhaitez en apprendre plus sur les différents types de contraception masculine.

La contraception non hormonale pour les hommes, une utopie ?

Enfin, d’après certains médias, il est possible qu’une pilule non hormonale soit actuellement en phase d’aboutissement de recherche et qu’elle puisse être amenée à une potentielle commercialisation d’ici cinq ans… si d’autres embûches ne viennent pas se poser sur son chemin…

La méthode thermique

La méthode de contraception masculine thermique n’est pas nouvelle, puisqu’elle trouve sa source au début des années 90. Cette méthode de contraception possède une efficacité qui irait au-delà de celle représentée par la pilule féminine, sans produire les effets indésirables et néfastes de cette dernière.

Néanmoins, sa diffusion est limitée, principalement à cause d’une méconnaissance de la population et d’un manque de formation des équipes médicales.

Mais en quoi consiste cette méthode de contraception ?

La méthode thermique est très simple et se focalise sur ce constat : le processus de formation des spermatozoïdes est thermiquement indépendant, et devient d’ailleurs totalement optimal dès lors que la température est comprise entre 2 à 4 degrés en moins par rapport à la température corporelle.

C’est la raison pour laquelle, de manière purement anatomique, les testicules se situent à l’extérieur du corps, afin de rendre possible la spermatogenèse, autrement dit la production de spermatozoïdes. De fait, lorsque les testicules sont remontés au plus près du corps, dans le bas du ventre (dans une poche appelée la poche inguinale), ils remontent à la température du corps, c’est-à-dire à 37 degrés. Et, à cette température, la spermatogenèse est drastiquement ralentie, voire inexistante.

La contraception masculine thermique repose donc sur un apport local et continu de la chaleur, couplé à une remontée des testicules et à son maintien physique au-dessus de la zone du scrotum.

La contraception masculine thermique grâce à quel procédé ?

La remontée artificielle expliquée plus haut peut se faire en utilisant différents moyens spécifiquement dédiés. Les voici :

  • Le slip contraceptif isolant

Le slip contraceptif isolant est uniquement disponible au CHU de Toulouse pour le moment, d’où son surnom poétique de « remonte-couilles toulousain ». Ce slip offre un orifice duquel dépasse la verge et la peau du scrotum, et il assure la remontée et le maintien des testicules.

  • L’anneau en silicone

Cet anneau, déclinable en 5 tailles selon l’anatomie de l’utilisateur, trouve sa place autour de la verge et du scrotum pour remonter les testicules. Son absence de marquage CE lui a valu une suspension de l’autorisation des ventes en décembre 2021, cependant, on le trouve commercialisé sous le nom d’anneau décoratif en silicone…

  • Le boxer chauffant

Ce procédé n’a pas obtenu la marque CE. Moins répandu, le boxer chauffant utilise une batterie qui, placée entre le scrotum et les testicules, permet de maintenir ces dernières à une température comprise entre 38 et 41 degrés.

La contraception masculine thermique, est-ce vraiment efficace ?

La méthode de contraception thermique est effectivement très efficace, à condition cependant de bien respecter le protocole établi avec un médecin et basé sur un interrogatoire ainsi que quelques examens. En premier lieu, il convient en effet de subir quelques examens qui permettent de définir si le dispositif sera valable pour l’usager, dont un examen génito-inguinal avec palpation testiculaire, et un spermogramme afin de faire les vérifications d’usage.

Il est essentiel de noter que malheureusement, des contre-indications existent. En effet, un patient souffrant, par exemple, d’obésité morbide, d’un spermogramme non régulier ou anormal, d’un antécédent de testicules non descendus, d’une hernie inguinale, d’un cancer du testicule ou d’une varicocèle de grade 3, ne pourra pas utiliser ce dispositif, et ce pour des motifs médicaux.

Toutefois, lorsque le dispositif est utilisé correctement, l’effondrement du nombre de spermatozoïdes produits se constate facilement. Ainsi, si certains subsistent malgré tout, il s’avère que la plupart ont déjà perdu la mobilité nécessaire, et ce avant d’atteindre l’ovule, ce qui entraîne une impossibilité de créer l’ovulation. En outre, cette méthode de contraception masculine n’a aucune incidence sur l’équilibre hormonal, la libido, les érections, ou encore l’aspect et le volume du sperme. La seule contrainte essentielle est de respecter scrupuleusement le protocole sans jamais faillir afin de pas compromettre l’effet contraceptif et ainsi créer le risque d’une grossesse qui ne serait pas désirée.

En conclusion, on le voit bien : si des solutions existent et que d’autres tendent à émerger, le chemin est encore long pour parvenir à une réelle équité quant au sujet de la contraception. Ce sont les individus, notamment les hommes, en se renseignant, en se rendant aux réunions organisées par le planning familial, qui pourront aider à bouger les lignes de la contraception majoritairement féminine… et tout cela, c’est encore la communication au sein des couples qui en sera le ciment.

À découvrir également pour approfondir le sujet : le podcast du Monde par Marie Slavicek : « Contraception : quand les hommes s’y mettent ».

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