Un mot de trop, une ambiance tendue, un bruit un peu fort… et le corps des hypersensibles réagit avant même que le mental comprenne ce qui se passe. Derrière ces montagnes russes émotionnelles se cache un acteur discret : le système parasympathique. C’est lui qui permet au corps de souffler, de digérer, de se poser. Et quand il fonctionne bien, tout l’organisme retrouve son calme.
Qu’est-ce que le système parasympathique ?
J’aime décrire le système parasympathique comme le grand régulateur du vivant, un véritable pilier de notre équilibre intérieur. Je vous explique.
Le “frein naturel” de notre organisme
Le système nerveux autonome agit en continu, sans que nous en ayons conscience. Il gère la respiration, la digestion, le rythme cardiaque, la tension musculaire… bref, tout ce qui nous maintient en vie, même quand on dort. Il se divise en deux branches :
- le système sympathique, qui prépare à l’action (fuite, combat, vigilance)
- le système parasympathique, qui favorise le repos, la récupération et la digestion
Le premier appuie sur l’accélérateur, le second sur le frein. Et pour que tout fonctionne harmonieusement, ces deux forces doivent s’équilibrer. Quand le parasympathique joue pleinement son rôle, le corps retrouve naturellement son rythme : le cœur ralentit, la respiration s’apaise, la digestion devient fluide.
Pour les personnes hypersensibles, cet équilibre est souvent fragile : leur système sympathique s’active facilement face aux émotions, au bruit ou au stress. D’où l’importance de renforcer le parasympathique.
Le nerf vague, messager du calme
Au cœur du système parasympathique se trouve un allié précieux : le nerf vague. Il traverse tout le corps, du cerveau au cœur, des poumons aux intestins, formant une autoroute entre le corps et l’esprit.
Ce nerf pilote la respiration, la digestion, le rythme cardiaque et même l’immunité.
Le saviez-vous ? 80 % de ses fibres remontent du corps vers le cerveau. Autrement dit, ce n’est pas la tête qui calme le corps, mais le corps qui envoie au cerveau le message de sécurité.
Pour les personnes hypersensibles, cette donnée change tout : il ne s’agit pas de penser le calme, mais de le ressentir. La respiration, le mouvement ou un simple contact permettent déjà d’apaiser le système nerveux.
Cette idée rejoint la théorie polyvagale du neuroscientifique Stephen Porges : notre système nerveux alterne entre trois états : figement, action et sécurité. Le bien-être ne dépend pas de l’un d’eux, mais de notre souplesse à naviguer entre ces modes. C’est cette flexibilité qui nourrit la résilience et le véritable apaisement.
Pourquoi les hypersensibles ont un parasympathique fragilisé ?
Chez les hypersensibles, ce système d’autorégulation ne fonctionne pas toujours de façon fluide : il se dérègle plus facilement sous l’effet du stress ou de la surcharge sensorielle.
Un système en état d’alerte quasi permanent
Leur organisme vit souvent comme s’il devait se protéger en permanence. Un bruit trop fort, une ambiance tendue, une émotion mal reçue et le système sympathique s’active aussitôt. C’est le mode “fuite ou combat” : le cœur s’emballe, la respiration se bloque, la digestion ralentit.
Ce mécanisme de survie est utile quand il s’agit d’échapper à un danger ponctuel. Mais chez les hypersensibles, il devient parfois un état de fond. Le corps ne sait plus redescendre, il reste en tension. Le système parasympathique, celui du calme et de la récupération, peine alors à reprendre la main.
Je le constate souvent en consultation : certains vivent dans un état d’hypervigilance presque permanent, avec cette impression d’être toujours sous pression, même dans le silence.
Renforcer ce frein naturel, c’est donc réapprendre à redescendre en douceur, à restaurer le tonus vagal ; cette capacité du système nerveux à revenir à l’équilibre après un stress. Plus ce tonus est élevé, plus la récupération est rapide et profonde.
Le corps comme baromètre émotionnel
Le corps des hypersensibles parle souvent avant les mots. Le ventre, qu’on appelle souvent notre deuxième cerveau, réagit immédiatement : une boule au ventre, une poitrine serrée, des maux digestifs, une fatigue soudaine… Ces sensations ne traduisent pas une faiblesse, mais un besoin de sécurité.
Notre système nerveux alterne en permanence entre trois états : la tension, le repli et la sécurité. Les hypersensibles oscillent souvent entre les deux premiers, sans toujours parvenir à atteindre le troisième : celui de la détente et de la connexion.
L’enjeu n’est donc pas de ne plus ressentir, mais de retrouver une souplesse nerveuse, cette capacité à passer d’un état à l’autre sans s’y perdre.
Apprendre à écouter son corps, c’est lui redonner la parole. Quand il se sent en sécurité, il envoie au cerveau un message clair : “tu peux te poser.” Et ce simple signal, plus puissant que n’importe quelle pensée rationnelle, suffit parfois à réactiver le système parasympathique et à ramener la paix intérieure.
5 rituels simples pour activer le système parasympathique
Il suffit parfois de gestes simples pour réapprendre au corps à revenir au calme. Ces rituels du quotidien renforcent le tonus vagal et restaurent peu à peu cette sensation de sécurité intérieure, que l’on soit hypersensible ou pas.
1. Respirer pour rééquilibrer le système nerveux
La respiration est l’un des moyens les plus directs pour apaiser le corps. La cohérence cardiaque agit comme un véritable interrupteur du stress. A pratiquer matin, midi et soir pendant 21 jours afin d’inscrire les résultats dans votre corps, selon la méthode 3-6-5 :
- 3 fois par jour
- 6 respirations par minute
- pendant 5 minutes)
Lorsque vous allongez l’expiration, le nerf vague s’active, le cœur se régule et le mental se calme.
2. Le pouvoir des micro-stimulations : douche froide, mouvement, nature
Exposer le corps à de petits micro-stress positifs le rend plus résilient. La douche froide, par exemple, stimule le nerf vague et apprend au système nerveux à s’adapter sans paniquer. Terminez votre douche pendant 5 à 10 secondes à l’eau froide, puis respirez profondément pour enclencher ce réflexe de régulation. Si c’est compliqué, allez-y pas à pas. Augmentez d’une seconde au fil des jours.
Le mouvement doux joue le même rôle : marcher, s’étirer, pratiquer le yoga ou simplement se bercer aide à libérer les tensions et à activer le parasympathique.
Le contact avec la nature renforce encore ce processus. Marcher en forêt, jardiner ou regarder le ciel calme instantanément le système nerveux.
3. S’entourer de relations apaisantes
regard doux, une voix calme, un sourire sincère : ces signes de bienveillance stimulent directement le nerf vague.C’est ce qu’on appelle la co-régulation : nos systèmes nerveux s’accordent entre eux. Être entouré de personnes calmes aide le corps à se relâcher, tandis que les environnements bruyants ou tendus entretiennent la vigilance.
4. L’importance du toucher et de l’auto-massage
Le toucher bienveillant agit comme un langage de sécurité pour le corps. Masser le ventre, le cou ou les pieds relâche les tensions et favorise la détente.
Un auto-massage doux du ventre, dans le sens des aiguilles d’une montre, avec une huile végétale (abricot, amande douce) et quelques gouttes d’huile essentielle de basilic ou de lavande, soutient le transit et apaise le mental. Pratiqué le soir, il envoie au corps le message clair qu’il peut ralentir.
5. Le rôle du sommeil et des rituels du soir
Le parasympathique agit surtout la nuit, lorsque le corps se régénère. Un rituel du soir (lumière tamisée, écrans éteints, respiration lente) aide à amorcer la descente vers le calme.
Un sommeil régulier recharge littéralement le système nerveux, soutient la digestion et stabilise les émotions.
Chez les hypersensibles, cette routine devient une véritable base de sécurité intérieure : elle signale au corps que la journée s’achève et qu’il peut enfin se déposer.
Le système parasympathique est une porte d’entrée vers un apaisement durable. Si vous souhaitez apprendre à écouter votre corps et à transformer votre hypersensibilité en alliée, je serai ravie de vous accompagner sur ce chemin.
Les conseils proposés dans cet article s’inscrivent dans une approche complémentaire de la santé et ne remplacent en aucun cas un avis médical. Seul un médecin est habilité à poser un diagnostic, prescrire ou modifier un traitement médical. En cas de doute ou de symptômes persistants, consultez votre professionnel de santé.
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